Frédéric Lefebvre - CC Soren

Que Luc Besson ne soit pas très intime avec le droit, honnêtement, ça ne me choque pas. Ce qui est regrettable en revanche, c’est que sa méconnaissance des sujets soit véhiculé à grande échelle à travers un grand quotidien national, je veux bien sûr parler du Monde. À sa décharge, on peut comprendre qu’il cherche à tout prix à défendre ses intérêts économiques, une défense qui le pousse à être à côté de la plaque. Enfin bref. En revanche, on attend d’un député en exercice, porte-parole du parti majoritaire actuellement au pouvoir, qu’il maitrise un minimum son sujet. Surtout lorsqu’on fait une magnifique sortie dans la presse pour voler à la rescousse de Luc Besson (et de Christine Albanel qui en prend plein la figure depuis hier et son passage médiocre à la commission des lois).

Mais c’est mal connaitre Frédéric Lefebvre, car non seulement ce cher monsieur a une vision on ne peut plus obscurantiste d’Internet, mais en plus, il ose prendre la parole sur des thèmes qu’il ne connait absolument pas. On pourrait se dire qu’à la limite, il maitrise un minimum le droit, dans la mesure où il est parlementaire ; vous savez bien, ce sont des gens qui se réunissent régulièrement pour contrôler l’action gouvernementale et dispose du pouvoir législatif !

Hé bah nan !

Frédéric Lefebvre est de ceux faisant fi du droit, de la réalité et de l’impartialité. Récemment, le député des Hauts-de-Seine a récemment écrit au président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, tout le bien qu’il pensait des sites de vidéos en streaming. Dans sa fatwa diatribe, il explique qu’il est nécessaire de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur les sites pirates de vidéos en streaming… Pour ceux n’étant pas très familier avec les commissions d’enquête parlementaire, il faut savoir qu’elles ont pour mission de “recueillir des éléments d’information soit sur des faits déterminés, soit sur la gestion des services publics ou des entreprises nationales, en vue de soumettre leurs conclusions à l’assemblée qui les ont créées” (article 6 de l’ordonnance n°58-1100 du 17 novembre 1958).

Par exemple, ces dernières années, voici quelques commissions d’enquête parlementaires sous la XII^e législature (2002 - 2007) :

• Commission d’enquête sur les causes des dysfonctionnements de la justice dans l’affaire dite d’Outreau (2005)
• Commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs (2006)
• Commission d’enquête sur les conditions de libération des infirmières et du médecin bulgares détenus en Libye (2007)

C’est marrant, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’ai l’impression que ces commissions d’enquête ont généralement pour objectif d’enquêter sur des thèmes relativement importants pour notre société. Je veux bien croire que le statut d’Internet et le débat sur Internet sont des thèmes passionnants, mais je ne suis pas certain que ça joue dans la même cour qu’un dysfonctionnement de la justice, une étude sur l’évolution des sectes en France ou sur les rapports franco-libyen à l’issue de la libération des otages. Quand bien même ça titille l’épiderme de Luc Besson.

Eolas ayant mis une claque à l’aller, il fallait bien mettre une claque au retour. Ainsi, l’avocat-bloggueur a jugé que Frédéric Lefebvre ne pouvait pas prétendre au prix Busiris puisque les propos de Frédéric Lefebvre ne sont pas juridiquement aberrants. Non, non, ils sont atterrants. Hors-concours. La classe mondiale ! De quoi vous inviter à dîner un mercredi soir :).

Non vraiment Frédéric, fais comme Jospin en 2002…

Arrête la politique :).

D’autres informations ici :

Frédéric Lefebvre s’attaque au streaming pour mieux défendre certains intérêts industriels, sur ReadWriteWeb
BeeMotion : Frédéric Lefebvre demande (sans rire) une commission parlementaire, sur Numérama