tracertTracert - CC Pixle

Voyez-vous, j’ai l’impression que plus les débats avancent sur le projet de loi Hadopi, plus j’ai l’impression que c’est un texte qui a été conçu avec quinze ans de retard. Et plus le temps passe, plus les failles dans ce projet de loi se font jour.

L’un des points essentiels avec l’Hadopi se résume ainsi : chaque abonnement Internet est sous la responsabilité d’une personne. Il doit notamment veiller à sa sécurisation avec les méthodes existantes, comme les clés de chiffrement pour protéger les échanges entre un PC portable en Wi-Fi et une box Internet (par exemple). Ainsi, si une adresse IP est repérée sur un réseau P2P (bitorrent en l’occurrence) entrain d’échanger des contenus protégés par le droit d’auteur, c’est la personne propriétaire de la connexion Internet qui subira les foudres de la Hadopi. Or, j’ai déjà expliqué auparavant que même avec la meilleure volonté du monde, un accès Internet ne pouvait pas être protégée complètement.

La marge d’erreur étant très large, c’est donc très difficile d’associer vraiment l’IP repérée avec le véritable “pirate” qui cherche à télécharger des films ou des musiques non-libres de droits. Pour faire simple, si je télécharge du contenu protégé par le droit d’auteur à travers le Wi-Fi de mon voisin que j’aurais craqué préalablement, je ne serais pas inquiété par l’Hadopi. Par contre, mon innocent riverain recevra les lettres d’avertissement et le courrier recommandé lui signifiant que son accès Internet est suspendu pendant une période allant d’un mois à un an.

Mais à la réflexion, si ce projet de loi soulève de graves problématiques, des failles grossières sont également potentiellement exploitables.

En effet, ce projet de loi semble avoir été préparé dans le cadre où UN ordinateur se connecte à UN modem et dispose d’UNE adresse IP pour naviguer sur le web. Or, à l’heure où de plus en plus de familles disposent de plusieurs ordinateurs plus ou moins associés en réseaux locaux, le projet de loi Hadopi semble véritablement caduc. Et au regard des façons d’agir de la Haute Autorité, il est sans doute possible de se faire innocenter par l’instance elle-même, malgré une passion inassouvie en téléchargement illégal !

Je m’explique.

Imaginons une famille disposant de trois ordinateurs. Le premier, A, est un ordinateur fixe relié par câble Ethernet à la box. Les deux autres, B et C, sont des ordinateurs portables communiquant par Wi-Fi (ou en CPL) avec la box. Chaque ordinateur surfe évidemment de façon indépendante sur Internet.

Que se passerait-il si une IP était relevée par les individus mandatés par les ayants-droit pour repérer les internautes illégaux ? Hé bien, il ne serait tout simplement pas possible d’indiquer quel PC (A, B ou C) a téléchargé le fichier illégal. En effet, de l’extérieur, il n’est pas possible de savoir s’il y a un ordinateur ou vingt-cinq machines derrière une adresse IP. De plus, dans un réseau local, il n’est guère possible de “voir” quel est le trafic des autres machines.

Or, en poussant le raisonnement encore plus loin, en partant du principe qu’une adresse IP n’indique pas combien de machines se cachent derrière et que les PC ne “savent” pas ce que font les uns et les autres, il est tout à fait possible d’installer le système anti-piratage préconisé par l’Hadopi sur une machine pour sécuriser son ordinateur et laisser le champ libre aux autres PC pour faire ce qu’ils veulent. Ainsi, si une famille installe ce logiciel sur le PC A (qui doit bien évidemment ne posséder que du contenu légal), il pourra l’utiliser comme preuve de sa bonne foi en cas d’accusation provenant de l’autorité administrative. Même si les PC B et C téléchargent frénétiquement, puisque je rappelle que l’adresse IP ne fait pas la distinction sur le nombre de machines derrière !

Et comme chaque machine ne voit pas l’activité des autres ordinateurs, le logiciel anti-piratage installé sur le PC A ne pourra ni filtrer, ni contrôler, ni dénoncer les contenus échangés entre les PC B et C et Internet. Pour résumer, tous les PC du réseau communiquent avec l’extérieur, mais ne se voient pas entre eux. Et de l’extérieur, une seule IP uniquement est visible.

Résultat des courses : même si l’Hadopi repèrera l’IP en train de télécharger massivement du contenu protégé, elle ne saura pas quelle machine du réseau local le fait. Les PC B, C et compagnie pourront aspirer tout le contenu souhaité, le PC A étant également sur la même IP, les personnes utilisant ce réseau local là ne risquent rien. Le logiciel anti-piratage présent sur A faisant alors foi.

(Idéalement, si un expert en réseau pouvait me confirmer tout ça, ça serait l’idéal :))

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