Quand la foi obstrue la vision d’une mère

25 avr
2009

Anencephaly Lateral
Anencephaly Lateral - CC Gliageek

Les médecins le savent mieux que moi : l’anencéphalie est une malformation congénitale du système nerveux central entrainant l’absence partielle ou totale d’encéphale, du crâne et du cuir chevelu. À la naissance, s’ils survivent, les nouveaux-nés sont bien souvent sourds, aveugles, sans connaissance et sont inaptes à ressentir la douleur. Aucun traitement n’existe pour guérir cette malformation, et la durée de vie de ces enfants est bien souvent extrêmement courte : les chances de survie allant de quelques heures à quelques jours, voire quelques semaines pour les plus “chanceux”.

La plupart du temps, les médecins préconisent d’avorter au plus vite dès lors que le mal est diagnostiqué par échographie, et par un test maternel d’alpha-foetoprotéine. Or, que se passe-t-il lorsque cela survient lors d’une grossesse d’une jeune étudiante canadienne très croyante et fondamentalement pro-vie ?

Elle choisit logiquement de le garder.

C’est l’histoire de Myah qui a appris durant sa grossesse que son enfant, Faith (foi en anglais…) était touchée d’anencéphalie. Ainsi, dès la 19e semaine de grossesse, la mère savait que sa petite fille était condamnée à naitre sans cerveau, sans boite crânienne et avec une absence notable de sens (insensible à la douleur, aveugle et sourd). Et que sa vie serait définitivement trop courte.

Pourtant, loin de suivre l’avis des spécialistes, Myah, du haut de ses 23 ans et soutenue par sa ferveur religieuse, a décidé de le garder et d’accoucher malgré tout, quand bien même son existence sur Terre n’aurait duré que quelques secondes ou quelques minutes. Quand bien même elle aurait été inconsciente. Pour Myah, “cela valait le coup”. Et pour partager son choix, la jeune mère a ouvert un blog intitulé We walk by Faith, not by Sight, verset de la Bible signifiant : “nous marchons par la foi, non par la vue“.

Ainsi donc, Faith est née le 19 février dernier et jusqu’à présent, l’enfant a survécu un peu plus de neuf semaines, ce qui, il faut bien l’admettre, est très inattendu ; deux mois d’existence alors que l’enfant est frappé d’anencéphalie, c’est tout à fait exceptionnel. Pour autant, sa décision de garder mais également d’exposer son enfant fait polémique. D’aucuns estiment que Myah cherche à faire de son histoire un exemple, un symbole, pour tous les militants anti-avortement et pro-vie.

Et forcément, la jeune femme a été durement attaquée sur ses choix, notamment sur son adresse mail qu’elle a du fermer, des internautes jugeant insoutenables les photos et les vidéos que publient régulièrement Myah sur son blog. Sans parler de ses notes parfois tournées en véritables argumentaires religieux.

Reste qu’à mes yeux, si je suis résolument en faveur de l’avortement, qui est un droit, il ne faut pas oublier non plus qu’il est tout aussi respectable et légal de ne pas faire jouer ce droit. Ce n’est ni un devoir, ni une obligation, quand bien même l’”intérêt” (difficile de le formuler autrement) de mettre au monde un enfant aussi affecté est sujet à discussion. N’étant ni mère, ni croyant, cet intérêt est pour moi assez faible. Mais cela ne justifie en rien les insultes que reçoit régulièrement Myah pour son choix.

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2 Responses to Quand la foi obstrue la vision d’une mère

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Valenten

28 avril 2009 at 14 h 57 min

C’est immonde :s …

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Soren

28 avril 2009 at 23 h 19 min

9 semaines et 5 jours, l’enfant est toujours en vie ;

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