Une identité changeante

Black Blanc Beur
Black Blanc Beur – CC BY-NC-ND looking4poetry

Six éléments caractérisent l’identité d’un peuple, quel qu’il soit : un territoire, une langue, une culture, des valeurs, une histoire, un destin commun. Aucun de ces éléments n’est stable. Tous évoluent avec le temps. La France fut chrétienne ; elle est laïque. La France fut monarchiste ; elle est républicaine. Et aujourd’hui, toutes ces dimensions sont remises en cause par le mouvement du monde : l’effacement des frontières, en particulier en Europe, remettant en cause l’idée même d’un territoire identitaire ; le nomadisme croissant des Français comme des étrangers ; la présence croissante, sur le territoire national, d’autres langues, d’autres cultures, d’autres façons de vivre ; l’universalisation des valeurs, autour des droits de l’homme et de liberté individuelle, qui en fait disparaitre le caractère national ; et, enfin, dans l’individualisme ambiant, l’incertitude quant à l’existence d’un destin commun.

De tout cela il résulte que, à terme, la seule chose qui définira durablement l’identité d’une nation, c’est sa langue, et la culture, la façon de penser le monde, qu’elle implique. La langue française conduit à penser, à écrire, à vivre, de façon claire, simple, directe, précise, logique, binaire. Elle trouve sa source dans l’harmonie des paysages et conduit à une symétrie des mots, à un équilibre des concepts, qu’on trouve déjà dans les textes des inventeurs de cette langue, de Rachi de Troyes à Blaise Pascal, de Chrétien de Troyes à Montaigne, de Marcel Proust à Léopold Senghor.

- Jacques Attali, le génie du Français.

Qu’on le souhaite ou non, le débat sur notre identité semble s’imposer dans le champ politique et médiatique. Si d’aucuns estiment que ces discussions font le lit du nationalisme, des extrêmes et préparent les prochaines échéances électorales pour la majorité présidentielle – bousculée depuis quelques mois -, quelques contributions ne sont vraiment pas inintéressantes.

Beaucoup d’intervenants ne semblent voir l’identité française qu’à travers le prisme de la République et de la démocratie. Non pas que ces valeurs et ces symboles ne font pas partie de notre identité, mais ce n’est certainement pas que ça. L’identité française à mon sens ne se limite pas aux deux ou trois derniers siècles. D’ailleurs, qu’est-ce qu’une identité, qu’est-ce qu’une nation ? Si les termes du débat sont posés, encore faut-il les définir avec soin !

Comme le souligne Jules de Diner’s Room, si l’on prend les valeurs nationales comme « la liberté, l’égalité, la fraternité, l’égalité homme-femme ou encore la solidarité nationale, cela fleure plutôt la Nation républicaine que la Nation française. Et encore, d’une République bien contemporaine. Or, les valeurs d’une société ne sont pas celle d’une nation« .

2 Comments

  1. AL1 a dit :

    Il est vrais qu’il n’est pas facile de parler d’un tel sujet, mais à qui la faute?
    Je ne sais pas trop si une langue peut définir une identité nationale.
    Avant chaque territoire avait son propre langage, à notre époque nous employons de nombreux anglicisme, et il est fort à parier qu’avec l’émigration que nous englobons dans notre langage, même si c’est déjà plus ou moins fait, certains mots.
    Bref, tout ça pour dire que la langue d’un pays évolue sans cesse…..

  2. Hajen a dit :

    Chacun en France se réclame de choses différentes. Il n’y a pas une seule France mais « des France »… Et heureusement.

    Et que dire quand le débat sera clos ? Ceux ne se réclamant pas de « l’identité nationale » seront ils toujours français ? Je grossis mais bon.

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