Mind Overflow

Si vous ne voulez pas qu’on le sache, mieux vaut encore ne pas le faire

Ce que pense vraiment NKM du projet Hadopi

Posté par Soren Le 22 - mars - 2009

NKMNKM - CC IUCN Web

Le site du Figaro publiait il y a deux jours un entretien avec Nathalie Kosciuzko-Morizet, récemment bombardée “secrétaire d’État chargée de la prospective et du développement de l’économie numérique, auprès du Premier ministre”. Dans ce jeu de questions-réponses, NKM revenait sur plusieurs affaires, des accusations de DailyMotion lui repprochant de ne pas assez agir pour les acteurs du web au projet de loi Hadopi, en passant aux futurs plans de son secrétariat.

Or, bien souvent dans ce type d’interviews, les réponses sont souvent très largement lues, relues et corrigées afin d’en d’expurger tout élément pouvant s’avérer problématique. En l’occurence ici, la solidarité gouvernementale force NKM à adopter une certaine réserve dans ses propos. Or, il s’avère que la version non-censurée (c’est à dire non retouchée par NKM ou ses services) de l’interview a fuité sur Internet. C’est Electronlibre.info qui apparemment a été le premier à mettre la main dessus qui propose une lecture de l’interview à deux niveaux.

Sur Mind Overflow, je ne vais publier que les passages qui ont été retirés de la version finale, afin qu’on aille directement à l’essentiel. On notera que la première version des réponses de NKM était bien plus incisive sur Hadopi, montrant par moments une certaine hostilité à ce projet de loi. Elle est même capable d’éviter Hadopi en tripotant son IP !

Figaro : La loi Création et Internet n’en finit pas de susciter la polémique. Comment vous positionnez-vous ?

NKM : Cette loi a été préparée avant que j’arrive à ce poste. Mon ministère n’a à aucun moment été associé à sa conception. Depuis, on m’a dit de manière constante qu’elle relevait exclusivement du ministère de la Culture, qui peut avoir une très grande susceptibilité quant à son champ d’action. Il faut comprendre que les arbitrages de la loi ont lieu dans des réunions auxquelles je ne suis pas invitée. Ce qui ne veut pas dire que je me désintéresse du débat. Je passe beaucoup de temps à faire de la veille sur Internet.

La discussion à l’Assemblée ne se fait pas dans de bonnes conditions. Le monde de la création y a sa part de responsabilité, comme les politiques. La loi arrive à un moment où les acteurs de la création ont perdu beaucoup d’argent et sont dans une relation polémique avec le monde du numérique. On a laissé le mal s’installer, prospérer et le débat survient trop tard par rapport à une pratique déjà installée.

Dès lors, on est dans la pire des situations, c’est pour cela que c’est difficile. Je ne veux pas que cela se reproduise sur les autres secteurs qui sont confrontés à ces questions. C’est ce que j’ai dit au Salon du Livre : il faut réfléchir en amont, anticiper avant d’être submergé par le problème, pour ne pas se retrouver dans la situation de la musique, à discuter une loi dans le pire des contextes.

Figaro : Cette loi est-elle applicable ? Sera-t-elle efficace ?

NKM : Comme dans toute loi, et en particulier dans toute loi qui a sa complexité technique, il y a des gens qui passeront aux travers des mailles du filet. Pour l’essentiel, c’est la partie pédagogique de la loi qui s’appliquera. Beaucoup de gens s’arrêteront de télécharger après avoir reçu un premier avertissement par mail. Cela étant, il y aura évidemment des gens assez forts pour masquer leur adresse IP et échapper aux contrôles. Moi-même je sais comment faire ! En matière de numérique et de technologies, les pratiques évoluent très vite. Il faut d’emblée dire qu’on pourra revenir sur ces questions, en reparler. Je voudrais que cela se passe le plus vite possible pour pouvoir parler de l’avenir, car ce débat monopolise l’attention.

Ma responsabilité c’est de préparer les suites de cette loi, qui ne résout pas la question du modèle économique de la création sur Internet. Je suis déjà dans l’après-Hadopi. Dès le début du mois d’avril, nous allons réunir tous les acteurs de l’après, tous ceux qui financent la musique sur le web, pour les faire réfléchir à de nouveaux modèles. La France a un rôle à jouer au niveau mondial sur ce sujet.

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3 commentaires

  1. bopou dit :

    C’est étonnant à quel point la version officielle et la version originale se contredisent presque, alors que peu d’arrangement ont été opérés.
    Je vous conseil aussi ce site que je viens de lire, et qui critique Hadopi sans terme technique :
    http://www.jaimelajustice.fr/

  2. bopou dit :

    C’est étonnant à quel point la version officielle et la version originale se contredisent presque, alors que peu d’arrangements ont été opérés.
    Je vous conseil aussi ce site que je viens de lire, et qui explique sans terme technique :
    http://www.jaimelajustice.fr

  3. Soren dit :

    Merci pour le lien bopou :).

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