Dix fois plus de chance d’acheter dans le commerce si vous téléchargez

23 avr
2009

Bård Vegar Solhjell
Bård Vegar Solhjell - CC Friprog

Ça en devient une rengaine. En janvier dernier, j’avais mis en lumière une étude néerlandaise qui expliquait qu’à moyen et à long terme, le partage libre et gratuit des biens culturels sur Internet avait une conséquence positive sur l’économie des Pays-Bas. Trois ans auparavant, nous avions également eu une autre analyse commanditée par le ministère canadien de l’industrie qui établissait une relation pour le moins inattendue entre téléchargement et vente de biens culturels : les internautes les plus actifs sur les réseaux P2P étaient également les plus dépensiers ; ainsi, pour 24  morceaux téléchargés sur les réseaux, il se vendait quasiment un CD en plus… alors forcément, à l’échelle de millions de titres échangés sur Internet…

Cette fois, c’est en Norvège qu’une nouvelle étude vient battre en brèche les certitudes des industries culturelles, des partisans de l’Hadopi et des lobbies. Et d’arriver aux mêmes conclusions que tant d’autres rapports indépendants. Conduite en novembre 2008 sur un peu plus de 1 900 individus âgés de plus de quinze ans et originaire de pays différents, l’étude réalisée par des chercheurs de la BI Norwegian School of Management démontre que les plus grands amateurs de morceaux téléchargés sur les réseaux P2P sont également les plus grands consommateurs de musique vendue sur les circuits de distribution traditionnels.

Évidemment, les détracteurs argumenteront que la crédibilité de ces analyses peut être remise en cause très simplement, puisqu’aucune preuve concrète ne vient prouver les achats de CD musicaux. Or justement, pour mener à bien cette enquête les chercheurs ont demandé des justificatifs d’achats aux sondés déclarant acheter de la musique dans le commerce. Et à la lumière de ces nouveaux éléments, on relève que la probabilité d’acheter de la musique dans le commerce est dix fois plus élevée si vous téléchargez de la musique gratuitement sur Internet. Sur une période de six mois, alors que ceux qui ne téléchargeaient pas de musique en ligne n’ont procédé qu’à sept téléchargements payants, les amateurs de P2P eux tournant autour de 75 achats en ligne.

Par ailleurs, Cory Doctorow, à la fois activiste, bloggueur, écrivain de science-fiction et spécialiste des questions de copyright, a réagi à cette études norvégienne, apportant ces propres éléments de réponse. Pour lui, il y a une corélation évidente entre les gros téléchargeurs et les différents comportements liés à l’univers de la musique : ce sont bien souvent les plus actifs sur les réseaux P2P qui se rendent à des concerts ou des festivals, qui jouent et enregistrent de la musique, qui remixent de la musique, font des listes de lecture… bref, ceux qui font vivre la musique.

Et d’ajouter : “si vous faites partie des 20% de fans qui achètent 80% des disques, vous êtes probablement dans les 20% de téléchargeurs qui téléchargent 80% de la musique, des 20% de spectateurs qui achètent 80% des places de concerts…“. Or, dans ce cas, cela signifie que l’industrie du disque se saborde elle-même en ciblant les “pire délinquants” dans ses campagnes contre le téléchargement. Les personnes attaquées par l’industrie du disque sont justement ceux qui dépensent le plus pour la musique.

Bref, s’il y a une réelle volonté des internautes pour payer la musique, ce message est très mal perçu chez les majors : le directeur d’EMI Recorded Music AS en Norvège, Bjørn Rogstad, rappelle que si la consommation de musique augmente, il ne faut pas oublier que les revenus de l’industrie diminuent, ce qui ne peut s’expliquer que par l’importance du piratage face aux ventes légales.

Notez que le travail réalisé en novembre 2008 par la BI Norwegian School of Management ne prenait alors pas en compte les services d’écoute légale en ligne, comme Last.fm ou Spotify. Toutefois, une nouvelle étude est prévue le mois prochain avec la prise en compte de ces nouvelles façons de profiter de la musique.

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2 Responses to Dix fois plus de chance d’acheter dans le commerce si vous téléchargez

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Twitted by SorenShaman

23 avril 2009 at 17 h 04 min

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M-Fett

24 avril 2009 at 10 h 27 min

Avant Internet, quand on avait pas le sou, achetions nous des CD ou des 33 tours, 45 tours ? non… On écoutait la radio… on s’échangeait des cassettes audio. Idem pour les films, on enregistrait les films sur magnétoscope…
Si on nous supprime l’accès au net et que l’on veut écouter de la musique… que ferez vous ??? Honnêtement… allez vous courir en pleurant à la FN*C ou au V*RG*N du coin pour vous jeter sur les CD et DVD de manière à compenser ce manque de musique ?
Personnellement, j’ai la radio, au pire… sinon j’ai le droit d’emprunter des CD… Si j’ai pas d’argent, je ne vois pas pourquoi j’airais acheter…

Au fait… chute des ventes de CD… y’a pas un peu la crise qui passe par la… ? Les gens ne suppriment t’ils pas en premier les achats “accessoires” en cas de difficultés ? Je pense que les prochains mois seront plein de commentaire “Voyez les dégâts du piratage sur l’industrie musicale”
Industrie musicale… ca fait peur ce mot… d’ailleurs le comparatif au plus haut niveau de “supermarché” prouve bien que l’art de nos jour se résume (par certains) à un kilo de patates… (désolé :) )

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