Pour mettre la pression sur les parlementaires, la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) avait mis en place une pétition en faveur de la loi Création et Internet (non vraiment, y a rien pour la Création là-dedans) Hadopi censé démontrer que les artistes étaient en faveur du texte porté par Christine Albanel. Au final, les pro-Hadopi clamaient haut et fort que pas moins de 10 000 artistes soutenaient cette pétition en la signant.

L’histoire aurait pu en rester là si le collectif de La Quadrature du Net n’avait pas mis en place un groupe de travail chargé de vérifier la liste des 10 000 signataires. “Histoire de” comme on dit. Or, surprise, il s’avère que cette fameuse liste ne comporte pas que des personnes favorables au texte… dans le lot, il y a pêle-mêle des artistes étrangers, des opposants au texte, des individus inconnus au bataillon et… une insulte !

Ainsi, affirmer que cette pétition est tout simplement truquée, il n’y a qu’un pas… que je franchis sans peine.

Hadopi étant un projet de loi français, les artistes étrangers ne sont à priori pas concernés ; toutefois, on retrouve dans la liste des personnalités comme Micky Green ou Stephan Urban. De plus, certains noms semblent totalement inventés dans la mesure où ces personnes ne répondent pas aux mails envoyés par La Quadrature et semblent totalement absents d’Internet (Google ne trouvant aucune occurrence). Étrange pour des artistes, donc pour des personnes publiques.

Par ailleurs, certains artistes assez sceptiques face à l’Hadopi s’y sont retrouvés malgré tout. Citons ainsi Nikola Sirkis, chanteur du groupe Indochine, mais également Frédéric Volovitch ou EDI, qui affirment n’avoir jamais signé un tel document. Plus récemment, c’est Mademoiselle K, sur son blog, qui a réaffirmé énergiquement n’avoir jamais elle non plus apporté son soutien à un tel projet. La Quadrature du Net s’étonne également de la présence de certaines personnalités : Gilbert Montagné par exemple, alors même que dans un entretien donné à Ozap en août 2008 qu’il ne fallait “pas museler les internautes“, tout en attaquant l’industrie du disque d’être “frappée de cécité psychologique“.

Mais ce ne sont pas les seules surprises de cette pétition ; on y trouve notamment Pierre Sarkozy ( ! ) sous son nom de scène DJ Mosey. Or, si la présence du fils du président de la République est déjà assez perturbante, la vérification de la liste a aussi révélée que la pétition est également composée d’un nombre important de salariés de l’industrie du disque ou de la SACEM… salariés qui ne sont évidemment pas des artistes.

Cerise sur le gâteau enfin, une erreur bourde qui restera dans les annales, c’est peu de le dire. Non content de fournir une liste avec des personnes inexistantes, n’étant pas artistes ou opposées au texte, la SACEM a laissé passer un “dtc LOLA” pour le moins inattendu… si vous êtes familier des abréviations utilisées sur Internet (sur IRC, les forums ou les jeux en ligne), vous avez immanquablement tiqué.

M’enfin, la SACEM jure envers et contre tout que sa méthode de collecte des noms a été faite de manière honnête, bien que malgré la vérification par quelques personnes, certains problèmes ont pu passer à travers les mailles du filet…