La recherche scientifique, victime collatérale d’Hadopi ?


SL: Science School Room 3 – CC BY-NC-ND philosophy_rebel

Vous le savez, le projet de loi Hadopi repose essentiellement sur la suspension de l’abonnement Internet. D’une durée variant de deux mois à un an, il vise à réprimer le téléchargement considéré comme illégal en plaçant l’internaute sur une liste noire. Ainsi, selon les défenseurs du projet de loi, cette mesure est juste et équilibrée, et permet de sauvegarder la culture en France.

Or, depuis quelques années, on assiste à un développement croissant d’Internet dans notre quotidien : recherche d’un emploi, tâches administratives (impôts), télétravail (plus de 6% des actifs en France fin 2008), soutien scolaire… j’en passe et des meilleures. Bref, un certain nombre de démarches, de procédures ou plus généralement d’activités seraient difficile à réaliser avec la coupure d’un abonnement Internet. Un retour en arrière bien dommageable à l’heure où la France ambitionne de devenir une des plus grandes nations du numérique avec son « Plan Numérique 2012″ (accès aux réseaux et aux services numériques, développement de la production et de l’offre de contenu numérique, diversifier et accroitre les usages des services numériques dans les entreprises, les administrations et chez les particuliers et moderniser la gouvernance de l’économie numérique).

L’un des autres aspects moins médiatisés de l’utilisation de sa connexion Internet est le principe de calcul distribué à travers des projets scientifiques. Ainsi, la plate-forme BOINC (Berkeley Open Infrastructure for Network Computing) permet de conduire différentes recherches (biologie, médecine, physique, nanotechnologie, astronomie, climatologie, mathématiques, informatique…) en utilisant les performances de chaque ordinateur participant aux projets pour faire progresser la science. En tout, la puissance de calcul cumulé a dépassé les 1,20 petaflops (1015 soit un million de milliards d’opérations à virgule flottante par seconde) en novembre 2008, permettant ainsi de traiter 56 projets simultanément et d’en avoir terminé 14.

En France, il y a aux alentours de 60 000 participants à BOINC faisant de l’Hexagone le sixième pays le plus actif dans le calcul distribué (le troisième européen). Or, en partant sur une base où 1 000 connexions seront suspendues par jour, cela fait quelques 365 000 personnes pouvant potentiellement perdre leur accès à Internet en France, au bout d’un an. C’est comme si chaque année, une ville de l’équivalent de Bordeaux ou Nice disparaissait du web. Or, en faisant quelques calculs, il a été constaté qu’au rythme de 1 000 suspensions par jour, au bout d’un an, c’est pas moins de 2 000 participants à BOINC qui pouraient être touchés.

Or, si ce chiffre peut paraitre dérisoire, il convient de le mettre en perspective ; 2 000 participants en moins au projet BOINC, c’est potentiellement de 65 700 à 394 200 jours de calculs perdus (selon si la suspension dure deux mois ou un an). Cela aurait certainement un impact très néfaste pour la recherche scientifique…

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1 Comment

  1. walkmindz a dit :

    Ce qu’il y a de constructif et de préventif dans un conflit ce sont les dégâts collatéraux qui promeuvent la création de produits dérivés et la récupération universelle qui normalise le débriefing pour la postérité.
    La logique veut que des enfants se mettent en colère lorsqu’on leur confisque leur jouet. Les paramètres économiques, idéologiques, libertaires, sémiotiques ne peuvent justifier ces réactions épidermiques voire égocentrées et ces levées de boucliers d’entrepreneurs en devenir et de rebelles sans cause.
    Soit, la régulation des flux immatériels ne peut être calibrée par un ensemble de dispositifs bipolaires, entre pédagogie passéiste et répression administrative. Ceci étant, l’autogestion jusqu’au-boutiste par le chaos joyeusement communautaire est un projet trop réel pour s’appliquer au virtuel.
    La nature de ce débat devrait être basé sur l’esprit mais, en l’occurrence, c’est le sentiment qui régit la problématique et sert de maladie imaginaire, de diagnostic sentencieux ou de remède absolu car la raison a déserté à la première demande de test de paternité.

1 Trackback

  1. Copé fustige l’Europe des combines | Mind Overflow dit :

    [...] Par ailleurs, de plus en plus d’activités se déroulent désormais sur Internet : citons ainsi le télétravail, la recherche d’un emploi (plus de 6% des actifs en France fin 2008), le soutien scolaire ou encore la réalisation de tâches administratives comme les impôts qui peuvent conduire à une réduction s’ils sont déclarés en ligne. Et n’est-ce pas d’ailleurs Frédéric Lefebvre qui déposait un amendement – rejeté depuis – en ce sens sur le télétravail ? Bref, un certain nombre de démarches, de procédures ou plus généralement d’activités seraient difficile à réaliser avec la coupure d’un abonnement Internet. Un retour en arrière bien dommageable à l’heure où la France ambitionne de devenir une des plus grandes nations du numérique avec son “Plan Numérique 2012″ (accès aux réseaux et aux services numériques, développement de la production et de l’offre de contenu numérique, diversifier et accroitre les usages des services numériques dans les entreprises, les administrations et chez les particuliers et moderniser la gouvernance de l’économie numérique). Sans parler de la recherche scientifique qui pourrait aussi être impactée. [...]

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