Et la riposte graduée sur les écrits sur papier alors ?

19 mai
2009

Sur son blog, Ed W. Felten, professeur et directeur  Ed W. Felten du Center for Information Technology Policy (CITP) à l’Université de Princeton dans le New Jersey, a publié une note satirique où il propose qu’on applique le système de la riposte graduée aux écrits sur papier. Philippe Aigrain en propose une traduction française sous licence Creative Commons 2.0. Ce billet intitulé “A modest proposal : three-strikes for print” est donc une réaction à la loi Hadopi votée par le Parlement français.

Le Parlement Français a adopté hier une loi créant un système de riposte graduée en 3 étapes aboutissant à exclure de l’internet ceux qui sont accusés d’avoir commis ou laissé se commettre trois fois une violation du droit d’auteur.

Cette idée est si bonne qu’elle mérite d’être appliquée également à d’autres médias. Voici donc une modeste proposition d’extension de la riposte graduée aux écrits sur papier.

Le système proposé est la simplicité même. Le gouvernement mettra en place un registre des auteurs ou complices de contrefaçons. Chacun pourra adresser une plainte aux gestionnaires du registre, affirmant que quelqu’un viole leur droit d’auteur sur un texte écrit. Si le registre gouvernemental reçoit trois plaintes concernant la même personne ; cette personne sera bannie pendant un an de l’usage de l’écrit.

Comme dans le cas de l’internet, le bannissement s’appliquera à la fois à la lecture et à l’écriture, y compris celles qui sont de nature informelle : une personne bannie ne pourra plus rien écrire ou lire pendant un an.

Quelques opposants systématiques prétendront peut-être que le bannissement de l’écrit physique sera difficile à mettre en œuvre et que l’exclusion de toute communication écrite sur la base de simples accusations pose quelques problèmes mineurs en matière de procédure équitable et de liberté d’expression. Mais si ces questions ne nous arrêtent pas dans l’univers de l’internet, pourquoi devraient-elles bloquer notre proposition ?

Bien sûr, s’ils sont bannis de l’écrit, quelques élèves se trouveront dans l’impossibilité de faire leur travail scolaire, quelques adultes éprouveront certaines difficultés dans leur vie quotidienne et divers perturbateurs ne seront plus autorisés à participer au débat politique ou même à le suivre. Cela les fera peut-être réfléchir la prochaine fois qu’ils s’apprêteront à commettre ou à laisser se produire une contrefaçon du droit d’auteur.

En bref, la riposte graduée est une idée tout aussi bonne pour l’écrit sur papier que pour l’internet. Quel sera donc le premier pays à l’adopter ?

Lorsque la riposte graduée sera en place pour l’écrit sur papier, nous pourrons l’appliquer à d’autres médias en créant une riposte graduée pour les ondes sonores et pour les ondes lumineuses. Ces médias sont trop importants pour qu’on les laisse sans protection.

C’est cool de passer pour des cons à l’étranger, non ? Pour d’autres, c’est à se demander si la France est encore démocratique avec ses fantasmes autoritaires (DADVSI, HADOPI, LOPPSI/2… et ce, rien que pour le volet Internet), comme l’écrit Enrique Dans sur son blog :

Ayer se consumó el liberticidio: Francia ya no es un país democrático.

Comme l’a écrit un membre du forum d’Ecrans.fr, “”l’écrit et la lecture ne sont pas des libertés fondamentales, car de toutes façons le coupable peut toujours aller demander à ses proches de lui lire son journal ou de lui écrire son courrier” (c) Albanule.

Bien vu ;).

Lire également sur AgoraVox, Demain une loi Hadopi pour les livres ?,

Partagez cet article !
  • Digg
  • del.icio.us
  • Facebook
  • Mixx
  • Google
  • Live
  • Scoopeo
  • Technorati
  • MySpace

Un mot à dire ?

Version Audio
Recharger l'image

top