Si vous ne voulez pas qu’on le sache, mieux vaut encore ne pas le faire
On a souvent fait grief aux défenseurs d’Hadopi de ne pas avoir pris en compte la réalité de la technologie et des bouleversements comportementaux qu’a entraîné Internet. Or, s’il est vrai que le sujet de l’Hadopi soulève des questions techniques complexes, ce n’est pas une raison pour légiférer n’importe comment et précariser juridiquement des millions de Français, quand bien même certains de nos députés sont de vrais Godillots.
Jamian45 a ainsi réalisé une vidéo très pédagogique expliquant que l’Hadopi va non seulement poser des problèmes aux internautes adeptes du téléchargement “illégal”, mais aussi aux utilisateurs “légaux” des réseaux P2P s’échangeant des fichiers libres de droit. Intitulé Création, Internet, et les réseaux décentralisés, ce clip de quelques minutes va ainsi mettre en lumière qu’une personne n’ayant rien à se repprocher, comme madame Michu, risque d’être entrainée dans l’usine à gaz qu’est l’Hadopi, alors que pour elle Gnutella lui évoque surtout de la bête pâte à tartiner.
Les réseaux étant désormais décentralisés, les utilisateurs s’interrogent directement entre eux pour connaitre les fichiers disponibles. Si l’utilisateur A demande le fichier 1 à l’utilisateur B et qu’il n’est pas disponible, l’utilisateur A pourra quand même accéder à la liste de contacts de B et vérifier ainsi si le fichier 1 n’est pas quand même accessible. Si le fichier 1 est disponible chez certains contacts de B, celui-ci fournira les adresses IP à l’utilisateur A pour qu’il puisse les contacter.
Or, si un utilisateur “petit-malin” possède et diffuse des adresses IP innocentes (elles peuvent être générées aléatoirement par exemple), le problème se complique, car non seulement les autres utilisateurs sont trompés, mais cela engendre le risque qu’un agent assermenté tombe sur une adresse IP innocente, comme celle de madame Michu. Or, avec la loi Hadopi, rien n’oblige l’agent assermenté à vérifier formellement que l’IP repérée est bien dans une démarche d’échange de fichiers illégaux. Le dossier sera ensuite transmis à l’Hadopi qui lancera la riposte graduée contre madame Michu. Courriels, lettre de recommandée puis coupure de l’accès Internet.
Tout cela sans piratage du réseau Wi-Fi de madame Michu.
Et comme les ardents défenseurs d’Hadopi ont instauré le renversement de la charge de la preuve, ça sera à madame Michu de prouver son innocence.
On lui souhaite bien du plaisir.
2 Responses to Pourquoi Madame Michu doit craindre l’Hadopi
leblase
19 mai 2009 at 12 h 56 min
On dira que Madama Michu n’avait pas tor…;-)
leblase
19 mai 2009 at 13 h 57 min
Excellent résumé. Qui laisse d’ailleurs de côté un des principaux écueils, me semble t’il, de cette histoire des avertissements. En effet, on peut supposer que les FAI transmettront l’avertissement à l’adresse mail fournie d’autorité dans sa propre messagerie, à son client (ex: ), messagerie que son client n’utilise ni ne consulte jamais….