La Route – comme un road-movie post-apocalyptique

Cette fin d’année 2009 aurait-elle inspiré les réalisateurs désireux de mettre en scène la fin de l’humanité ? Entre Bienvenue à Zombieland et 2012, on pourrait aisément penser que les cinéastes ont une vision décidément bien sombre de l’avenir de notre espèce ! Entre les invasions de zombies et l’enchainement des catastrophes à grands coups de CGI, ces deux longs-métrages font vivre de sales quarts d’heure aux bipèdes que nous sommes…

Et pourtant, malgré des situations toujours très difficiles, les choses ne sont pas forcément si désespérées. L’espoir, l’amitié, l’abnégation, le courage… toutes ces valeurs transcendent nos différents héros qui font toujours face, ne cédant jamais. Les hommes se serrent les coudes, il y aura des pertes, mais ça va passer. On survivra.

Et puis il y a eu La Route. Le raz-de-marée signé Roland Emmerich a failli recouvrir définitivement cette petite perle du septième art. Réalisé par John Hillcoat, ce film post-apocalyptique met en scène Viggo Mortensen (plus connu sous le fameux personnage d’Aragorn, dans Le Seigneur des Anneaux) et Kodi Smit-McPhee, un jeune acteur australien de 12 ans mais particulièrement prometteur. Dans ce long-métrage, ils sont liés par le sang ; le premier est le père, le second, son fils. Et les deux cherchent à survivre dans un monde méconnaissable.

D’une certaine façon, La Route pourrait être la continuité de 2012. Une catastrophe majeure a frappé la Terre (du moins, l’Amérique du Nord), nous plongeant dans une ambiance manifestement très proche d’un hiver nucléaire. Encore qu’on ne sait jamais vraiment la nature de ce bouleversement : guerre nucléaire ? Chute d’un corps céleste ? Éruption volcanique de grande ampleur ? Une chose est sûre, les températures ont chuté brutalement et le ciel est recouvert par une masse nuageuse uniforme. Le soleil, la lumière, les couleurs… tout cela semble désormais appartenir au passé.

Tout est gris dans ce monde. Même dans le cœur des hommes. Même dans le cœur de nos héros. Rares sont les survivants à avoir survécu et plus rares encore sont les individus à conserver leur humanité. Certains s’adonnent au cannibalisme, à la barbarie, à la sauvagerie. Le spectateur est rapidement saisi : Jamais au grand jamais il ne s’abaissera à agir comme un animal sauvage. Car le film nous renvoie à notre propre image. Quel serait notre comportement dans un univers où tout s’est effondré ? Gouvernements, États, sociétés. Serions-nous toujours dignes ?

Car dans ce monde, tout manque : chaque boite de conserve, chaque bidon d’eau, chaque paire de chaussures revêt une importance capitale. Qui sait de quoi le lendemain sera fait ? Qui sait à quoi il faudra faire face. Comment dès lors « en vouloir » à ces gens de vouloir survivre ? Mais on se convainc également que dans une situation identique, nous réagirions différemment. Du moins, avec le plus de dignité possible, sans en venir à certaines extrémités. La séquence avec la maison isolée et le sous-sol fermé avec un cadenas est d’ailleurs particulièrement impressionnante. Comment peut-on en arriver-là ?

Même nos héros cèdent parfois. Tout le monde est si faillible. Preuve en est, lorsque le père et le fils se font chaparder leurs (maigres) affaires, Viggo Mortensen ne pense qu’à une chose : se venger du voleur. Certes, il ne le tue pas, mais sa « punition » va de toute façon le conduire à une mort rapide. Révolté, le fils hurle après son père : pourquoi doivent-ils forcément se comporter en méchants, eux aussi ? Moment de doute, moment de regret. Le père décide de lever la punition envers le voleur, et offre même une boite de conserve. Mais n’est-il pas trop tard ? Nous ne le saurons jamais…

La Route est un film à voir. Road-movie pédestre, il se savoure en VOSTF, beaucoup plus crédible qu’une version localisée dans la langue de Molière. Enfin, sachez que ce film est tiré du roman éponyme écrit par Cormac McCarthy, prix Pullitzer de la fiction 2007.

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