Robert Ebert : "les gars, faut vous calmer avec la 3D au cinéma"
by Soren on 2 / 05 / 2010L’apport de la 3D au cinéma est un vrai gaspillage. La course folle d’Hollywood vers ce nouveau format est juste suicidaire. Cela n’apporte rien d’essentiel à l’expérience du public. Pour certains, c’est une distraction pénible. Pour d’autres, cela provoque nausées et maux de tête. Cette course est largement causée par la vente d’équipements de projection onéreux et ajoute quelques euros à des tickets de cinéma déjà bien chers. Son image est nettement plus sombre que la 2D standard. Elle ne convient pas aux films pour adultes abordant des thématiques sérieuses. Elle limite la liberté des réalisateurs d’avoir toute latitude pour faire leurs films. Pour un public destiné à voir des films matures, cela ne procure que rarement une expérience valant vraiment la peine de payer davantage.
Robert Ebert, Why I Hate 3-D (And You Should Too) – Newsweek
Sans doute ne connaissiez-vous pas Robert Ebert auparavant. Journaliste américain, il est réputé pour être l’un des critiques de cinéma les plus réputés aux États-Unis. Reconnu par ses pairs, il fut le premier à décrocher un Prix Pulitzer (dans la catégorie critique) et à recevoir son étoile sur le Hollywood Walk of Fame. En matière de cinéma, il n’est donc pas né de la dernière pluie. Et, une fois n’est pas coutume, il a délaissé temporairement la critique cinématographique pour publier une longue tribune dans Newsweek (alors qu’il officie au Chicago Sun Times) pour écrire une longue diatribe contre la nouvelle mode hollywoodienne : la 3D au cinéma.
Il faut bien dire qu’avec le succès monstrueux d’Avatar, plus de 2,71 milliards de dollars de recettes au compteur, cela donne le tournis. Et des idées. Sans surprise, les studios de cinéma se sont engouffrés à toute vitesse dans cette course folle, quitte à proposer un rendu final plutôt médiocre. Rien d’étonnant toutefois : de nombreux films prétendument « compatibles 3D » n’ont en réalité reçu qu’un simple traitement post-production en urgence pour greffer un effet de profondeur.
Or, ni les prises initiales enregistrées par le réalisateur, ni les plans, ni le découpage du film n’ont été pensés pour ce mode d’affichage. Dès lors, ce n’est pas vraiment surprenant de constater que l’expérience 3D soit au choix décevante ou imperceptible. Pour tout vous dire, seul Avatar m’a convaincu en 3D à l’heure actuelle. Et je suis sûr qu’il faudra que je patiente un long moment avant de ressentir une telle expérience cinématographique.
Franchement, quand on fait la liste des prochains films en cours, prévus ou planifiés, il y a de quoi s’inquiéter : les Schtroumpfs 3D, Piranha 3D, The Ring 3D, le Choc des Titans 3D, Aliens 3D, Step-Up 3D… à croire que l’unique effet 3D garantit le succès d’un film. Ici, je n’ai fait qu’une recherche de quelques secondes. Mais je suis persuadé qu’en cherchant bien, on peut établir une liste longue comme le bras de dizaines de films du même acabit. Pour un résultat parfois bien dégueulasse.
Oui, j’ose le mot.
Photo : Viewing 3D IMAX clips – CC BY NASA Goddard
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