Dog Pound – prison pour mineurs

Davis, Angel et Butch. Trois jeunes gens envoyés à Enola Vale, une prison pour jeunes délinquants. Chacun va découvrir les affres de l’enfermement et de la rudesse des relations entre les détenus. Et rapidement se déterminer : être une victime ou s’imposer par la violence ?

Habituellement, les films que je vais voir au cinéma sont des longs-métrages dont j’ai eu un quelconque écho auparavant. Que ce soit à travers une critique, une bande-annonce ou un quelconque commentaire, je suis toujours au parfum et je sais à quoi m’attendre dans les grandes lignes. En revanche avec Dog Pound, j’avançais complètement dans l’inconnu. Sorti cette semaine, c’est donc avec une certaine curiosité que je suis allé le voir. Une sorte de pari finalement.

Un pari remporté dans les grandes lignes. Le film, qui s’apparente presque au documentaire, suit les péripéties de trois adolescents emprisonnés pour des délits d’une gravité plus ou moins grande : trafic de stupéfiants, vol de voiture avec violence et même agression sur un officier de probation. Des parcours différents, mais qui aboutissent au même endroit : une prison pour mineurs, un « dog pound » (une fourrière).

Au-delà de l’image, qui donne une vraie impression d’authenticité, le film apparait vraiment comme un documentaire sur le vif dans la mesure où aucun des acteurs n’est connu. Ces anonymes se fondent avec aisance dans le décor carcéral, rajoutant au réalisme du film. Par ailleurs, le réalisateur n’a pas hésité à s’entourer de véritables condamnés pour interpréter des seconds rôles ou des figurants. Pour un peu, seuls les premiers rôles sont de vrais acteurs. On retiendra d’ailleurs l’interprétation d’Adam Butcher, le premier rôle, pleine d’énergie et de colère. Saisissant !

Ceci étant, il fallait bien ça pour traiter un tel sujet. Car Dog Pound est un film assez dur. Une violence qui s’exprime à différents niveaux. Que ce soit entre les détenus, avec les gardiens ou même avec la société toute entière. Car au-delà des brimades et des agressions qui sont le lot quotidien d’une prison, le film se déroule exclusivement dans l’enceinte de l’établissement. Jamais – sauf une fois pour des travaux d’intérêt général – la caméra ne se retrouve à l’extérieur. Oppressant au possible.

Dog Pound est également une critique acerbe de la situation carcérale actuelle. La violence se manifeste dans ce qu’elle a de plus brut. Et puisque tout le film se déroule en vase clos, Dog Pound nous plonge dans la spirale infernale des représailles et des alliances fragiles entre détenus. Peut-on vraiment faire confiance en prison ? Peut-être pas. Mais rester seul c’est aussi prendre le risque de devenir une cible. Et certains sont prêts à renoncer à leur condition d’homme pour survivre.

Bien sûr, quelques bouffées d’oxygène viennent revigorer le spectateur. Tout n’est pas toujours sombre. Quelques beaux moments d’amitié se font jour. Des activités sportives sont l’occasion de se dépenser autrement qu’en s’entretuant. Malgré un avenir complètement bouché, malgré une société qui leur tourne le dos, ces jeunes parviennent à se créer des moments à eux, pour ne pas péter les plombs. Ou plutôt, pour retarder le moment où tout va péter. La scène finale est d’ailleurs la conséquence attendue d’une accumulation continue de problèmes.

Dog Pound surprend donc, par un scénario plutôt décousu. Si l’intrigue tourne principalement autour de Butch, on comprend vite que l’univers de la prison ne permettra de grands changements dans l’histoire. À moins d’une évasion spectaculaire, ce que ne propose pas ce long-métrage. Néanmoins, l’évolution des trois jeunes incarcérés dans ce « chenil » est fascinante. Et terrifiante. Nul doute que cela reposera la question des conditions carcérales dans les sociétés occidentales.


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Photo : affiche du film

Une réponse to “Dog Pound – prison pour mineurs”

  1. Nath T dit :

    Le film est rythmé, jamais manichéen, formidablement joué, poignant… Quand la lumière s’est rallumée, mon regard a croisé celui de son voisin : on avait tous les deux le souffle coupé et je pourrais traduire notre échange muet par : « Ca va aller toi ? T’es sûre ? » « J’ai un peu envie d’éclater en sanglots » « Pareil » « Viens on va prendre l’air ». Je crois qu’on a tous les deux hésité à se parler avec de vrais mots pour partager nos impressions, mais finalement, on s’était déjà tout dit.

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