Le plus important dans un film de kung fu, où wǔshù pour les puristes, c’est la baston.

De ce point de vue, Ip Man est une très bonne surprise. Contrairement à quelques autres longs-métrages récents du genre, le film ne verse pas du tout dans la démesure. Ici, pas de câbles, pas de combats improbables, pas d’esthétique exagérée. Les scènes d’action sont crédibles, sans jamais nous paraître invraisemblables. Quel contraste avec les Hero, Tigre et Dragon et autres Secret des poignards volants !

Ip Man raconte, de façon romancée, la vie du maître de Bruce Lee. Pour ce premier volet (une suite est sortie cette année, Ip Man 2), le film s’attarde sur l’histoire d’Ip Man à Foshan. Située au sud de la Chine, la ville accueille plusieurs écoles d’arts martiaux. Lorsque l’armée impériale japonaise envahira la ville dans les années 30, Ip Man va devoir se servir de son kung fu pour nourrir ses proches. Son grand talent finira par attirer l’attention d’un officier japonais, qui voudra prouver la supériorité des arts martiaux japonais.

Plus de soixante-cinq ans après la fin de la seconde guerre mondiale, les blessures chinoises sont encore vives. Le film est assez frappant à cet égard, car les Japonais sont présentés de façon très négative. C’est franchement flagrant avec le sous-fifre de l’officier japonais. Son visage perfide frôle vraiment la caricature ! En revanche, les Chinois sont dans l’ensemble plutôt flattés dans le long-métrage. Même ceux à la dérive finiront par se racheter d’une façon ou d’une autre.

C’est peut-être ici que le film tombe dans l’excès. Sans aller jusqu’à crier au sentiment anti-japonais, les militaires nippons ne sont pas présentés sous leur meilleur profil. Certes, la seconde guerre mondiale a charrié son lot d’horreurs et d’atrocités, mais j’aurais imaginé un film moins polarisé. Or, Ip Man lui-même est présenté comme un maître aimant, noble, modeste, invincible et sympathique. C’est peut-être ici que le film ne parvient pas à trouver la juste mesure.

Hagiographique, Ip Man ?


- Visualiser au premier plan -