« Diverses tendances politiques négatives en France ces dernières années ont entraîné la rétrogradation de ce pays à la catégorie « démocratie imparfaite ». La confiance du public dans les partis politiques et le gouvernement est extrêmement faible. Les enquêtes ont également montré que l’engagement politique des citoyens a diminué. Le degré du soutien de la population en faveur de la démocratie est parmi les plus bas des pays développés. Une personne sur sept croit que la démocratie ne vaut pas mieux qu’une autre forme de gouvernement. Le fossé entre les citoyens du pays et ses élites politiques s’est élargi. Les violentes émeutes de ces dernières années sont un autre symptôme du malaise politique.

Sous le régime politique français, le président exerce d’énormes pouvoirs. Le style autocratique et autoritaire de l’actuel président, Nicolas Sarkozy, menace de saper les traditions démocratiques. Il a augmenté le sentiment anti-musulman et a mis l’accent sur les racines chrétiennes du pays au cours de sa présidence. La pression sur les journalistes et les médias électroniques ont conduit à une baisse de la liberté des médias« .

Economist Intelligence Unit, Democracy Index 2010 – The Economist

Telle est la description, aimablement traduite par Aymeric Pontier, de la France par l’Economist Intelligence Unit, une composante de l’Economist Group.

Se basant sur l’indice de démocratie, le document publié sous l’égide de l’hebdomadaire économique britannique montre le décrochage du pays des droits de l’Homme pour l’année 2010. Créé en 2006, cet indice nous avait jusqu’à présent toujours placé dans la catégorie supérieure. Sans avoir la meilleure note du classement, la France s’en tirait convenablement en arrivant 24e en 2008 avec 8,04 sur 10. Au sein de l’Europe Occidentale, seule l’Italie faisait défaut.

Depuis, la situation évoluée. En deux ans, la France et la Grèce n’ont pas su maintenir leur rang dans le concert des nations les plus démocratiques. Cela ne signifie pas – bien entendu – que la France a viré sous un régime autoritaire ; les élections sont libres et les Français jouissent encore de nombreuses libertés. Mais que les coins ont été patiemment et constamment rognés. Des lois plus restrictives s’empilent d’année en année, la population est en défiance vis-à-vis du politique, les tensions s’accroissent entre certains corps (justice, diplomatie, éducation nationale…).

Alors que le poids du populisme pèse sur le débat politique français, l’élection présidentielle se profile déjà à l’horizon… ce mauvais résultat n’est donc décidément pas enthousiasmant pour l’avenir. Peut-être aura-t-on un meilleur résultat en 2012, lorsque la prochaine édition de l’index démocratique international sera publié. Du moins, faut-il l’espérer. Mais peut-être est-ce la forme de la cinquième République, centrée sur le président, qui veut ça.

Photo : Arc de Triomphe – CC BY hanspoldoja