2012 - Crédits aux auteurs.

Le HFR : une diffusion inattendue

Avec le premier volet de la trilogie Le Hobbit, Peter Jackson a donné le top départ de la technologie High Frame Rate (HFR). Il s’agit d’une technique de diffusion qui permet d’afficher beaucoup plus d’images par seconde : au lieu des traditionnelles 24 images par seconde, Le Hobbit : Un voyage inattendu a été tourné de façon à atteindre un rythme de 48 images par seconde. Le double.

Disons-le tout net : je n’ai pas du tout apprécié ce mode diffusion. Après avoir vu le film une première fois en IMAX 3D, j’ai voulu me faire une opinion sur le HFR 3D. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était pas agréable ! Les vingt premières minutes ont été particulièrement pénibles : j’avais l’impression que le film se déroulait de façon précipitée et des amis m’accompagnant m’ont fait part de leur gêne à l’égard de cette technologie.

Ainsi, de simples gestes anodins paraissent pressés sans raison : quand Bilbon se saisit de sa plume pour rédiger le livre rouge de la Marche de l’Ouest, le mouvement est beaucoup trop rapide. Le déplacement des protagonistes, notamment en intérieur, donne l’impression d’un mauvais clin d’œil à la démarche de Benny Hill.

Certaines séquences paraissent également expédiées avec le HFR. C’est en particulier le cas de plans présentant la vie des Nains en Erebor : je pense au Nain en train d’évaluer la valeur de gemmes en les soupesant ou encore lorsque la caméra veut rendre hommage à la majesté du royaume en faisant un mouvement de plongée pour révéler la profondeur de la montagne.

Le HFR n’a toutefois pas que des inconvénients. Lors des scènes de pagaille, comme un combat ou un mouvement brusque de caméra, la présence d’un nombre accru d’images par seconde paraît clarifier la scène : l’action est plus nette, plus fluide, plus lisible. En IMAX 3D, certains combats étaient confus, peut-être à cause de l’effet de relief. J’ai trouvé que le HFR 3D corrigeait ce point.

Cependant, cette grande fluidité pose quelques problèmes d’immersion : à un moment, j’ai eu le sentiment de voir un décor de cinéma plutôt qu’un environnement. Ce passage, c’est lorsque les Nains découvrent pour la première fois Fondcombe : les roches font fausses. Le HFR donne à l’image un aspect clinique, lisse et aseptisé.

Le moindre élément bougeant en arrière-plan, du fait de la grande fluidité, risque de détourner l’attention du spectateur de l’action principale. En définitive, ça fait moins « cinéma », puisque le déroulé du film paraît trop rapide et que le rendu limite l’immersion dans la Terre du Milieu.

Qu’en conclure ? Cette première expérience de la HFR n’est pas formidable. Il faut toutefois reconnaître qu’une fois les vingt premières minutes passées, on s’habitue quand même à cette technologie (les plans d’intérieur et les gestes quotidiens sont plus rares après le départ de la compagnie de Cul-De-Sac, ça joue certainement).

Mon ressenti a été globalement partagé par les amis m’ayant accompagné pour cette séance. Cependant, leur tolérance au HFR variait : certains n’ont pas du tout aimé comme moi, d’autres ont trouvé qu’au bout de quelques minutes, leurs yeux et leur cerveau s’étaient habitués à ce rythme.

Ce qui me fait dire que l’expérience du HFR variera sans doute en fonction des personnes. Ma critique n’est qu’un retour d’expérience personnel et – j’espère ! – ne présage en rien de votre propre impression. Par ailleurs, je n’ai vu qu’un seul film ainsi et en trois dimensions. Peut-être que d’autres longs-métrages ou d’autres modes de diffusion (juste en 2D ?) rendent le HFR plus agréable et intéressant.

Cependant, savoir que les deux prochains films d’Avatar seront proposés en HFR à 60 images par seconde me laisse quelque peu perplexe…

Photos :

  • HDTV Projector Beam – CC BY RVWithTito
  • Images promotionnelles de Warner Bros. France