Archive of articles classified as' "Japon"

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City of Life and Death

24/11/2011

Chine, 1937.
Aux portes de Nankin, capitale de la Chine, l’armée impériale japonaise lance l’offensive. À l’intérieur, les soldats chinois sont totalement désorganisés. Certains veulent se rendre, d’autres s’y opposent par la force, alors que l’essentiel des troupes et une partie de la population civile ont déjà été évacués. Les remparts sont détruits par des tirs de chars. Les soldats japonais entrent dans la ville fantôme avec ordre de ne pas faire de prisonniers. Le « Massacre de Nankin » est en marche. Parmi les soldats japonais, le jeune Kadokawa prend part à la mise à sac de la ville tout en l’observant avec effroi. Du côté chinois, les soldats sont exécutés en masse, et les femmes de tous âges violées. Les nombreux civils qui n’ont pu être évacués tentent de s’organiser pour survivre…

Entièrement filmé en noir et blanc, ce film chinois impressionne, met mal à l’aise tout en nous transportant pendant plus de deux heures dans cet épisode noir de l’histoire chinoise ; le massacre de la population de Nankin par les troupes impériales du Japon. Le sujet est épineux, sensible même, mais Chuan Lu réussi à arracher la douleur de ce massacre de manière simple et humaine. Le film suit en effet divers protagonistes qui essayent tant bien que mal de survivre. Du soldat japonais traumatisé par les évènements, à un enfant chinois tentant de s’en sortir en passant par l’ambassadeur allemand en Chine. Ce sont là les vies de personnes qui se croisent et se défont.

Montrer au public japonais la réalité du massacre tout en essayant de faire prendre conscience au public chinois que les japonais n’étaient pas tous des monstres. Le défi était de taille, le résultat est là : un film bouleversant.

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La plus ancienne de toutes les entreprises

22/11/2011

Lors de la diffusion de l’épisode 4 de la saison 8 de House M.D, baptisé Risky Business, j’ai découvert que l’entreprise la plus vieille du monde a… 1428 ans ! Oui, vous avez bien lu : 1428 ans.

Ou plutôt, avait. Car en effet, l’entreprise japonaise – nommée Kongō Gumi – a été fondée en 578 mais a été obligée de fermer ses portes en 2006. La raison ? La bulle immobilière japonaise des années 80 qui a fini par éclater. Un article de Wikipédia est consacré à cette société japonaise, que je reproduis ici in extenso.

Kongō Gumi Co., Ltd. (株式会社金剛組; Kabushiki Gaisha Kongō Gumi) était la plus ancienne entreprise du monde, opérant depuis plus de 1400 ans. Basée à Osaka, cette entreprise familiale de construction trouve ses origines en 578, lorsque le Prince Shotoku appela des membres de la famille Kongō de Baekje en Corée vers le Japon afin de construire le temple bouddhiste Shitennō-ji, qui existe toujours. Au fil des siècles, Kongō Gumi a participé à la construction de nombreux bâtiments célèbres dont le château d’Osaka, le temple Horyuji à Nara et le Shitennō-ji.

Un parchemin du XVIIe siècle de plus de 3 mètres retrace les 40 générations depuis le départ. Comme il est le cas dans de nombreuses familles japonaises d’importance, les gendres rejoignirent le clan et prirent le nom de la famille Kongō. Ainsi, à travers le temps, la lignée a perduré à travers les fils comme les filles.

Conséquence indirecte de la bulle immobilière qu’à connu le Japon dans les années 1980, la compagnie n’a jamais pu se remettre du prix du terrain qu’elle acheta au cours de ces années.

La compagnie a déposé son bilan en janvier 2006. Ses actifs ont été rachetés par Takamatsu Corporation. Avant sa liquidation, la compagnie avait plus de 100 employés et un chiffre d’affaires annuel de 70 millions de dollars (7,5 milliards de yens) en 2005. Elle était spécialisée dans la construction de temples bouddhistes. Le dernier président fut Masakazu Kongō, le quarantième Kongō à diriger la firme. En décembre 2006, Kongo Gumi continuait à exercer en tant que filiale de Takamatsu.

Je me demande bien quel a été l’état du dernier directeur du Kongō Gumi, face à l’entreprise la plus ancienne du monde. La fin d’une aventure longue de plus d’un millénaire. Cela a dû être terrible à supporter. À quoi a-t-il bien pu penser ? Aux 40 générations précédentes ?

Photo : Shitennō-ji – GFDL / CC BY 663highland

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Aveugle

11/09/2011

Et si une contamination radioactive gagnait Tokyo ? Les 35 millions d’habitants de l’agglomération ne pourraient sans doute pas tous fuir de la ville. Certains resteront inévitablement.

Le court-métrage Blind, de Yukihiro Shoda, essaie d’imaginer la vie dans la capitale japonaise si une catastrophe type Fukushima était survenue beaucoup plus près. Dans ce futur proche et apocalyptique, nous suivons le quotidien d’un salarié japonais dans son nouveau « cadre de vie ».


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Photo : capture d’écran

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Les yakuzas dans la crise financière

3/09/2011

La rencontre a lieu dans un immeuble discret du quartier de Shinagawa, dans le sud de Tokyo. Assis dans un canapé, dans une pièce tout en longueur située au dernier étage, Masatoshi Kumagai, l’un des « parrains » les plus puissants de la mafia japonaise – ceux que l’on appelle les yakuzas -, a accepté de parler de son business. Autour de lui, ses hommes de main, tout de noir vêtus, semblent sortir d’un film de Takeshi Kitano. L’un d’eux, nuque de taureau et regard dur, a un doigt coupé – une pratique courante chez les yakuzas. Lorsqu’il a commis une faute grave, le gangster se tranche une phalange, l’enveloppe dans un linge et l’offre à son patron en signe de contrition.

Charles Haquet, Jérôme Pierrat, Bertrand Monnet, La mafia japonaise cherche un nouveau « business model » – L’Expansion

À l’heure où les yakuzas sont l’objet de tous les fantasmes, surtout en Occident, l’entretien de l’Expansion avec un parrain du milieu japonais est assez rafraichissant… pour ne pas dire salutaire. Ici, nous sommes loin de l’image idéalisée et caricaturale de ces hommes en noir que l’on voit bien trop souvent au cinéma ou dans les mangas.

Non, les yakuzas ne sont pas tout-puissants au Japon. Ils sont eux aussi confrontés à certaines difficultés : durcissement de la lutte anti-gang, affaires en berne, raréfaction des nouvelles recrues. Les temps sont durs aussi pour les mafieux, même si je suspecte Masatoshi Kumagai de grossir quelque peu le trait sur la situation…

Si l’univers des yakuzas vous intéresse, je vous recommande deux ouvrages. Le premier, Yakuza – enquête au cœur de la mafia japonaise, est assez rapide à lire et permet d’avoir un panorama général de la situation criminelle au Japon. Jérôme Pierrat, qui a participé à l’interview du chef de clan, est d’ailleurs l’un des auteurs de l’ouvrage avec Alexandre Sargos.

Pour ceux qui veulent en revanche vraiment creuser le sujet, il faudra se tourner vers Yakuza – la mafia japonaise. L’ouvrage, écrit par David Kaplan et Alec Dubro, est très certainement le plus complet dans le genre. Non content de dresser un historique détaillé, il révèle les liens des yakuzas avec l’extrême-droite japonaise, le pouvoir et même la CIA. Passionnant à lire.

Photo : Yakuza – CC BY-NC-ND Sushicam

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Japan Expo

10/07/2011

Cette semaine, la Japan Expo s’ouvre : l’occasion pour les otakus, ces fans du Japon autoproclamés, de venir hanter Paris et son métro de leur silhouettes couvertes de déguisements plus ridicules les uns que les autres (on appelle cela « le cosplay« ), et de montrer à quel point ils sont capables de réduire un pays à la simple expression de ses produits commerciaux : mangas, jeux vidéo, musique de merde, figurines cochonnes et reproductions d’armes de samouraï, et même « tuning japonais » (mes yeux !)… les otakus vont donc se retrouver tous ensemble au même endroit, pour claquer des fortunes dans leur passion, et éventuellement, pour claquer tout court, comme l’espèrent certains, réunis en prière à Notre-Dame-de-la-rivière-Kwaï.

Pour ceux qui ne visualiseraient pas bien le ridicule du truc : c’est un peu comme s’il y avait un salon des États-Unis d’Amérique à Paris, qui se présente comme « Le salon de la culture américaine« , et dans laquelle on résume ça uniquement à des trucs ultra-commerciaux : Rebecca Black à fond, déguisements de Ronald McDonald, Nicolas Cage en guest star et comme attraction principale, des centaines de Xbox en libre service. Le tout en dégustant quelques mini-burgers à 12 € pièce et en tirant à la winchester pour faire traditionnel. Et les gens qui fréquenteraient les lieux auraient en plus le bon goût de se dire « passionnés de culture américaine« , genre de propos qui est un coup à se réveiller avec le spectre d’Hemingway ou de Benjamin Franklin dans son pieu.

Odieux Connard, Le Japon, les Otakus et autres trucs instables – Odieux Connard

Photo : Japan Expo – Japan Expo

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Des images pour le Japon

31/03/2011

Le triple accident qui a ébranlé le Japon le 11 mars dernier a suscité des réactions bien différentes. Certains ont considéré, à tort, que le Japon n’avait pas besoin d’aide particulière, eu égard à sa puissance économique et à son expertise en matière de catastrophe naturelle. Cela peut se comprendre. On ne développe pas la troisième puissance économique mondiale sans des normes de sécurité élevées. Le pays, à la croisée de trois plaques tectoniques, doit en effet faire face à de nombreux problèmes : séismes, tsunamis, typhons et autres éruptions volcaniques. Forcément, cela dessine l’image d’un peuple fataliste et aguerri capable de se relever de tout. D’ailleurs, le Japon n’est-il pas le seul pays a avoir subi deux bombardements atomiques ? Quel autre pays, sorti dévasté de la seconde guerre mondiale, a pu se relever aussi vite, aussi fort ? Peut-être l’Allemagne.

D’autres ont exprimé (plus que de raison ?) une compassion appuyée. On ne compte plus les messages envoyés sur Facebook ou Twitter, les images de soutien, les initiatives montées à la va-vite pour apporter son aide. Rien de bien surprenant. Le soft power japonais a pénétré depuis longtemps les sociétés occidentales. Le pays apparaît familier à beaucoup de personnes, au regard de la déferlante du « Cool Japan » : mangas, dessins animés, musique, sushis et autres jeux vidéo. Beaucoup ont pleuré un pays – et une culture – qui leur est proche, comme s’ils avaient été Japonais. Comme s’ils avaient été sur place à Sendai ou à Fukushima. Terrible constat de voir qu’un tel mouvement international ne se reverra sans doute pas avec des pays dont le soft power et l’impact culturel sont minimes.

Reste que les choses étant ce qu’elles sont, il fallait que je vous parle de « Tsunami – des images pour le Japon« . Si vos rapports avec ce pays me sont inconnus, voilà une initiative qui pourrait réconcilier les uns et les autres. Il s’agit d’un ouvrage collectif qui regroupe, sur 250 pages, pas moins de 230 illustrations réalisées par plus de 200 artistes. Rien que ça ! Les ventes de l’ouvrage, 30 euros, seront reversées à Give2Asia. Je ne connais pas cette organisation, mais je ne doute pas une seule seconde qu’elle tout à fait capable. C’est l’occasion de donner un réel coup de main – en donnant – tout en obtenant un recueil d’illustrations qui semble de bonne facture. Pour l’heure en pré-commande, Tsunami – des images pour le Japon est le témoignage d’artistes eux aussi fascinés par ce pays.

Vous pouvez voir l’ensemble des illustrations directement sur le site consacré à l’opération.

Photo : bannière du projet

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Printemps nucléaire

22/03/2011

Comment symboliser l’arrivée du printemps au Japon avec le drame nucléaire à Fukushima ?

En faisant fleurir un cerisier avec des pictogrammes indiquant un risque de radiation…

Photo : Dark Spring – © Christoph Niemann

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