L’académie de Stockholm a annoncé que le prix Nobel d’économie 2008 a été décerné lundi à l’Américain Paul Krugman,
professeur d’économie à l’université de Princeton et éditorialiste au
New York Times. Il est distingué pour avoir intégré les champs de
recherche du commerce international et de la géographie économique, un
domaine très éloigné du droit d’auteur. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir
ses vues sur la question.

Dans un éditorial du New York Times
publié le 6 juin 2008, le nouveau prix Nobel donnait raison aux
"gourous technologiques des années 1990", qui estimaient qu’avec le
numérique, "quel que soit le produit (logiciel, livres, musique, films), le coût de la création devra être récupéré indirectement". Il cite ainsi la journaliste et entrepeneur Esther Dyson, qui avait prédit en 1994 que les entreprises à l’avenir devraient "distribuer gratuitement la propriété intellectuelle pour vendre des services et des relations".

Ces prédictions "deviennent une réalité plus lentement que ce
que les enthousiastes attendaient, mais le futur qu’ils ont imaginé est
toujours en marche
", écrit Krugman.

Il estime que l’argent dans la culture ne peut plus être réalisé
dans la vente de disques, mais dans la vente de produits dérivés et de
services. Y compris pour les livres, qui deviendront de plus en plus
électroniques grâce aux progrès énormes réalisés sur l’encre numérique.
"Pour le moment, les éditeurs gagnent autant pour un téléchargement
sur le Kindle (l’e-book vendu par Amazon, ndlr) que sur la vente d’un
livre physique. Mais l’expérience de l’industrie musicale suggère que
ça ne durera pas
", estime Paul Krugman. "Une fois que le
téléchargement des livres deviendra standard, ça sera difficile pour
les éditeurs de continuer à facturer des prix traditionnels
".

Il pense même que les éditeurs de livres pourraient succomber à
l’ère numérique, ce qui ne serait pas forcément mauvais pour la
littérature. "Les livres pourraient bien finir par servir
principalement de matériel promotionnel pour d’autres activités des
auteurs, comme des lectures publiques avec entrée payante
", envisage le Nobel d’économie. "Si ça a marché pour Charles Dickens, j’imagine que ça sera suffisant pour moi", ajoute-t-il.

Même si certaines activités créatrices seront très difficiles à
rémunérer autrement qu’en faisant payer le fruit de la création
elle-même, les professionnels "devront trouver un moyen" d’y arriver.

"Octet après octet, tout ce qui peut-être numérisé sera
numérisé, rendant la propriété intellectuelle toujours plus facile à
copier et toujours plus difficile à vendre plus cher qu’un prix
nominal. Et nous devrons trouver les modèles économiques et les modèles
d’affaires qui prennent cette réalité en compte
".

Il conclut en référence au groupe Grateful Dead,
qui avait été pionniers en incitant leurs fans à copier des cassettes
audio parce qu’ils avaient réalisé que plus ils avaient de fans, plus
ils vendaient de produits dérivés et de places de concerts. "Tout ça n’arrivera pas immédiatement. Mais sur le long terme, nous serons tous des Grateful Dead", prédit l’économiste.

- Via -

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