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Nous voilà prévenu. Après les professionnels du web, les économistes et les technologues, c’est désormais au tour des scientifiques de prendre la parole et de mettre en garde les politiques contre leurs désirs de “civiliser Internet” (au passage demander cela est tout aussi idiot que de souhaiter civiliser son micro-onde) en élevant des justifications face auxquelles il est évidemment impossible de s’opposer sans qu’on nous prête des intentions obscures. Ces justifications, vous les connaissez comme moi : lutte contre les trafics, lutte contre le terrorisme et lutte contre la pédopornographie. Plusieurs membres du gouvernement ont d’ailleurs des projets de filtrage dans les cartons devant officiellement lutter contre ces méfaits.

Ainsi donc Patrick Waelbroeck, professeur associé à l’ENST (École nationale supérieure des télécommunications) au département Économie et Science Sociale et membre du comité éditorial du Journal of Cultural Economics, a accordé un entretien à ReadWriteWeb pour revenir sur l’actualité française avec l’arrivée prochaine du projet de loi Hadopi devant les parlementaires. Spécialisé dans l’économie industrielle et l’économétrie, Patrick Waelbroeck est également détenteur d’un doctorat obtenu à la Sorbonne et poursuit une partie de ses études à Yale. Autant dire que le bonhomme est une sommité mondiale dans son domaine. Et puisque ses recherches actuelles portent sur “une approche à la fois pratique, scientifique et empirique du pirage sur Internet et sur la protection technologique des industries créatives”, c’était définitivement l’occasion de recueillir sur avis.

Dans les colonnes de RWW donc, le scientifique explique qu’Hadopi est une mauvaise réponse faite par des gens désemparés préférant une mauvaise réponse à pas de réponse du tout. Il rappelle ainsi l’exemple des États-Unis qui ont englouti des millions de dollars pour faire baisser le P2P sans qu’au final le chiffre d’affaires ne s’en porte mieux. Pire encore, si le P2P a baissé aux USA, c’est davantage dû à l’évolution des usages face à la menace de la répression. Or, au regard de la volonté inébranlable qu’a le gouvernement français de se lancer sur la même voie, Patrick Waelbroeck estime que le même mouvement survienne également dans l’Hexagone, à savoir l’explosion de réseaux chiffrés, anonymes, éclatés en structures plus petites et plus discrètes, qui seront dès lors impossibles à stopper. Qui plus est, le scientifique rappelle que le filtrage d’Internet n’empêchera pas l’échange de fichiers entre internautes “face-à-face”. Les moyens sont multiples : Wi-Fi, Bluetooth, clés USB, disques durs externes, CD, DVD…

Mais le plus alarmant finalement, c’est qu’à vouloir filtrer et verrouiller le web, la France risque de se disqualifier de la compétition mondiale, avec des conséquences importantes sur les emplois, mais pas seulement. Souvenez-vous d’ailleurs du rapport d’Ipoque qui expliquait que le filtrage effectif d’Internet était finalement…impossible.

“Est ce que l’on pense que ceux qui piratent aujourd’hui vont arrêter de pirater ? La réponse pour moi, c’est non. Ce sont eux qui savent comment la technologie fonctionne, et ils y arriveront de toute façon.”

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