Les Chinois aussi notent le reste du monde

Moody’s, Standard & Poor’s ou encore Fitch Ratings… des noms qui vous sont peut-être familiers si vous côtoyez le monde de la finance. Ces agences sont notamment réputées auprès du grand public pour les notes qu’elles attribuent notamment aux grandes entreprises et aux pays souverains, en fonction de leur solvabilité et de divers autres paramètres (risque, valeur de l’investissement).

Par exemple, la France bénéficie – pour l’heure – des meilleures notes de ces trois agences. Ainsi, Standard & Poor’s attribue la note maximale, AAA, à la dette française à long terme, avec une perspective stable. À court terme, la France dispose également de la meilleure note, A-1+.

Cependant, d’autres pays européens connaissent des difficultés autrement plus importantes, dans la mesure où ces notations influent sur les taux d’intérêt des emprunts effectués par ces pays, pour résorber leur déficit. C’est le cas du Portugal et de la Grèce, qui sont notées respectivement A- et BB+ sur le long terme, avec chacun une perspective négative. Mais même des pays notés AAA peuvent avoir une perspective négative. C’est le cas du Royaume-Uni par exemple.

Les plus attentifs d’entre vous auront néanmoins remarqué qu’il s’agit-là de trois agences occidentales. Si cela ne remet pas spécialement en cause leur probité, cela démontrait jusqu’alors leur domination dans un secteur particulièrement sensible. Au point que certains estiment même qu’elles ont un pouvoir bien trop grand dans les mains, puisqu’elles peuvent influer sur les taux d’intérêt.

C’est alors qu’une agence de notation chinoise est entrée dans la course. En effet, pas plus tard que dimanche dernier, la Dagong Global Credit Rating a publié un rapport sur cinquante pays du monde, afin de mesurer avec ses propres outils et ses propres paramètres la situation de ces États souverains. Toute la question était alors de savoir si l’agence chinoise allait retrouver la même hiérarchie mondiale, où si des différences allaient apparaitre.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’agence chinoise a fait des coupes claires dans les effectifs des pays AAA. Et si des pays comme la Norvège, le Danemark, la Suisse, Singapour, l’Australie et la Nouvelle-Zélande obtiennent toujours la note maximale (comme sur les classements occidentaux), d’autres puissances de premier plan ne jouissent plus du triple A.

C’est notamment le cas des États-Unis (AA), du Royaume-Uni (AA-), de la France (AA-) ou encore de l’Allemagne (AA+), des Pays-Bas (AA+) et du Canada (AA+). Du côté de la Chine, qui était notée A+ chez Standard & Poors, elle se retrouve avec un AA+ avec la Dagong Global Credit Rating. La Belgique, l’Espagne et l’Italie chutent nettement, pour se retrouver avec un « simple » A-.

Selon la Dagong Global Credit Rating, citée par The Telegraph, ces ajustements permettent d’avoir une vision plus réaliste de la situation,  en offrant un contrepoids à travers la prise en compte effective de la montée en force de l’Asie et l’atténuation d’une certaine idéologique qui frapperait les agences de notation occidentale. Et le quotidien de citer Dominique Strass-Kahn, le président du FMI : « le temps de l’Asie est venu« . Ah d’accord.

Photo : Standard & Poor’s – CC BY-SA Funky Tee

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