L’arrogance française

Plus l’histoire d’un pays est longue, plus ses habitants ont tendance à regarder de manière hautaine les évènements du présent. Logique, la vieille Europe succombe souvent à cette tendance, les Anglais ne diront pas le contraire. Mais, peut-être plus qu’un autre pays, la France a eu tendance à mettre en avant dans son histoire les énergumènes qui avaient eu un comportement bravache. Qui avaient refusé de se soumettre à l’autorité, préférant mourir pour leurs idées. Et, souvent, ils se sont opposés aux Anglais. Et comme les Albions se croyaient «objectivement» supérieurs à nous, qu’on se déclare égaux à eux était pour eux une attitude hautaine, méprisante, bravache. Napoléon et sa clique de maréchaux ont notamment beaucoup fait pour cette réputation.

On aime célébrer les actes de panache, les grandes phrases, les «Nous ne sortirons que par la force des baïonettes» plus que les dispositifs tactiques implacables. D’où, par corrélation, cette tendance à ne se souvenir que des défaites. On ne se lasse pas de refaire le match d’Alésia, d’Azincourt, de Trafalgar, de Waterloo, de Fachoda ou de Séville 82 mais jamais personne pour se réjouir d’Hastings, Bouvines ou Iéna. On se déclare fils de Vercingétorix, ce perdant, plutôt que fils de César, qui a pourtant fait bien plus pour nous. Déjà l’historien Ernerst Renan, dans son discours en 1882, «Qu’est-ce qu’une nation», expliquait que le sentiment national passait par «un héritage de gloire» mais aussi «de regrets à partager». Et nous, ils sont nombreux.

Quentin Girard, Comment être arrogant comme un Français – Slate

Photo : French Pride – CC BY-NC Kos el Greco

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